Malgré l'interdiction du « taureau à la corde » prononcée par la Cour de cassation en novembre 2016 (voir plus bas), un « encierro à l'Eyraguaise » était programmé par l'Union des Jeunes de Provence et du Languedoc, le 18 novembre 2017. L'Alliance Anticorrida et l'OABA ont alors saisi le procureur de la République et le préfet du Gard.
Interviewé par France bleu Gard-Lozère, Corentin Carpentier, président de l'Union en question, affirmait, avec l'aplomb de l'ignorance : « On a eu la préfecture au téléphone, on a eu les autorités locales au téléphone. On dialogue aussi avec des juristes et on est sûr de nos droits et de nos libertés. »
Après avoir été entendu par la gendarmerie, le gérant du domaine privé en Camargue a pris la décision de « supprimer l'encierro à l'Eyraguaise du programme de la journée » pour ne pas contrevenir à la législation en vigueur. De son côté le préfet du Gard a écrit à Corentin Carpentier, l'enjoignant d'annuler cette pratique illégale. Et l'arrogant président, qui tenait absolument à violer la loi, a fini par obtempérer…
Les batailles sont longues, difficiles, parfois épuisantes... Mais à force de ténacité on parvient à soustraire les animaux à la violence et à l'humiliation. Bravo #allianceanticorrida et @OABA_Off qui unissent leurs compétences. pic.twitter.com/ChJsk5X9WQ
— Claire Starozinski (@Anticorrida) 11 novembre 2017
L’Alliance Anticorrida, l'Œuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs et la SPA du Pays d'Arles sont parvenues à épargner définitivement aux taureaux des actes de maltraitance !
Confirmant le jugement de première instance du tribunal de Tarascon du 8 janvier 2015 qui a interdit cette pratique indigne, la cour d'appel d'Aix-en Provence a reconnu que le « taureau à la corde » était constitutif de « mauvais traitements exercés sur les taureaux, blessure à la lèvre inférieure, violences, chutes, saignements et tension exercée par la corde sur la tête du taureau ».
La Cour avait condamné le comité des fêtes d'Eyragues et club taurin Paul Ricard La Bourgine aux entiers dépens, et à verser 600 euros à chacune des trois associations.
Le Club Taurin Paul Ricard La Bourgine et le Comité des fêtes d'Eyragues ont alors cru bon de former un pourvoi devant la Cour de cassation rejeté le 03 novembre 2016. La Cour de cassation a, en outre, condamné les taurins à verser à l’Alliance Anticorrida, à l'Œuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs et à la SPA du Pays d’Arles une somme globale de 3 000 € au titre des frais irrépétibles.
L’arrêt rendu par la cour d'appel d’Aix-en-Provence le 25 juin 2015 devient donc définitif. La décision de la Cour suprême représente une victoire tangible pour ces trois associations qui mettent un terme définitif au « taureau à la corde » en France, atteignant ainsi un de leurs objectifs : mettre fin aux actes de maltraitance. Malgré les menaces, les injures et les représailles, l’Alliance Anticorrida, l'Œuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs et la SPA du Pays d’Arles ont vu leur bon droit triompher de l'arrogance de contrevenants supposés intouchables. Le « taureau à la corde » a vécu !
Trois fois par an, Eyragues (Bouches-du-Rhône) se mettait hors-la-loi en organisant une manifestation interdite par arrêté préfectoral, qui se déroulait malgré les rappels du sous-préfet et de la DDPP au maire, Max Gilles, qui enfreignait la loi en toute impunité. Ces courses se traduisaient par des agressions diverses pouvant entraîner des blessures infligées à un taureau aux mouvements entravés par une corde attachée aux cornes. La tête du taureau était projetée dans un sens, dans l’autre, vers l’avant et l’arrière par une violente traction sur la corde exercée par les poursuivants du taureau dans les rues.
Le 15 janvier 2015, l’Alliance Anticorrida, l'Œuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs et la SPA du Pays d'Arles obtiennent l'interdiction du « taureau à la corde » ou « Encierro à l'Eyraguaise » devant le tribunal de Tarascon.
Ulcérés par la décision de justice, les partisans de cette pratique dégradante organisent un défilé auquel ils attendaient 20 000 personnes. Las ! Le peuple de Camargue s'est réduit à 2 000 participants malgré les énormes moyens mis en œuvre par les élus. Un flop retentissant.
Les trois mouvements de protection animale ont été qualifiés d'« intégristes », de « terroristes » et d'« ayatollahs ». Des menaces de mort assorties d'injures ont été proférées... À telle enseigne que les présidents des associations ont été contraints de donner une conférence de presse pour rétablir la vérité sur les mensonges et les amalgames spécieux.
Le 11 mai, une cinquantaine d'Eyraguais sont présents à l'audience de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence, portant un tee-shirt au message sans équivoque « Mèfi ». Ce qui signifie « Prend garde à toi ! » Une menace à peine voilée.
En novembre 1998, une adhérente nous alerte : « Chaque année j’assiste à une drôle de fête : le village fait l’acquisition d’un taureau sorti dans les rues avec une corde attachée au cou. Des ustensiles y sont parfois accrochés. L’animal parcourt ainsi les rues avec, derrière lui, une horde de jeunes hystériques. Il s’agit du « taureau à la corde ». Cette pratique, aussi humiliante que dégradante, est encore en vigueur dans cinq villages de l’Hérault. La SPA se dit impuissante à agir si aucun acte de cruauté n'est infligé à l’animal. Néanmoins, ce dernier est souvent blessé (membres abîmés, tendons détruits). »
Quelques jours plus tard, au cours d'un débat qui l'opposait à Henri Laurent, président de l’association des manadiers, Claire Starozinski demande si cette pratique est compatible avec le respect du taureau. La réponse est sans ambiguïté : « À notre demande, le taureau à la corde a été interdit dans le Gard, par un arrêté préfectoral, il y a plusieurs années. »
Saisi par l'Alliance Anticorrida, le préfet de l’Hérault a diligenté l'instruction d'un arrêté, pris le 11 avril 2000, avec un texte qui interdit « sur l'ensemble du département de l'Hérault le jeu du taureau ou vachette à la corde. Cette pratique comporte un caractère indiscutable de mauvais traitements et d’actes de cruauté envers les animaux. En conséquence, lors des manifestations taurines à caractère traditionnel, les animaux lâchés sur la voie publique ou dans les arènes doivent être libres de toute entrave ».
Devant le tribunal administratif, les juges ont rejeté les requêtes des maires des communes concernées et de CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions), considérant « qu’il ressort des pièces produites par l’Alliance Anticorrida que le jeu interdit par l’arrêté préfectoral contesté est constitutif de troubles de nature à compromettre l’ordre public » ! Et le jeu du taureau à la corde a été définitivement interdit en mars 2004 dans tout le département de l'Hérault !