Le jugement a été prononcé le 28 avril. Marc Soulier a été condamné à 8 mois de prison avec sursis et une amende de 600 € pour le coup de poing à l'animal, ainsi qu'à 5 ans d'interdiction à exercer dans un abattoir avec des animaux vivants. Il versera 600 € à l’Alliance Anticorrida et aux autres associations. Pour les deux autres opérateurs, les vidéos étant non datées, les faits sont prescrits... La Communauté de communes du Pays viganais a écopé de 3 750 euros d'amende.
Compte tenu des condamnations habituellement infligées dans ce genre d'affaire, les juges ont respecté les textes de loi. Mais comment pourrait-il en être autrement, en l’état actuel des textes qui ne répriment ces violences aux animaux d’abattoirs que par de simples contraventions ?
On attend désormais que la proposition de loi du député Falorni soit rapidement mise à l'ordre du jour du Sénat, dès la prochaine législature. La maltraitance en abattoirs sera ainsi considérée comme un délit (avec des peines d’emprisonnement et non plus de simples amendes) et le contrôle vidéo sera mis en place au poste d’abattage. Pour autant, ces caméras ne remplaceront jamais la surveillance d’un inspecteur vétérinaire. On ne peut qu’espérer que le prochain Gouvernement renforce les effectifs et leur mission de contrôle.
Une autre affaire concernant l’abattoir d’Alès, et pour laquelle l’Alliance Anticorrida est également partie civile, est en cours d’examen par le parquet.
Après la diffusion d'une vidéo de L214, montrant des animaux victimes d'actes de cruauté dans l'abattoir du Vigan, certifié bio, une enquête avait été ouverte par le parquet d'Alès, en octobre 2015. Le procès s'est tenu les 23 et 24 mars devant le tribunal correctionnel.
Marc Soulier a dû répondre de sévices graves et d’actes de cruauté sur animaux. Dans son audition, s'agissant des coups de pince à électronarcose donnés sur la tête d'un ovin à seule fin de le voir réagir douloureusement au choc électrique, il avoue : « J'admets que je me suis amusé avec cette bête. Le premier petit coup ne sert à rien, c'est juste parce que sur l'instant, cela m'amuse. Et en plus, je vois que cela fait rire mon collègue ». Son cynisme est édifiant. Tout comme son acharnement à jeter par-dessus les barrières des animaux comme de vulgaires objets, jusqu'à provoquer des blessures graves.
Deux autres opérateurs étaient accusés de mauvais traitements sur animaux. La communauté de communes du Pays viganais, propriétaire de l’abattoir, était également citée pour ne pas avoir pris s les mesures permettant d’éviter la commission de ces infractions par ses préposés.
Au fil des débats , on comprend vite que l’affaire n’est pas aussi simple… Tous les prévenus font observer que les formations ne sont « pas adaptées à la réalité du travail demandé ». Ils mettent aussi en cause le matériel déficient, le manque d’écoute des responsables et les « cadences à tenir ».
« Qui, ici, accepterait de travailler, ne serait-ce qu’une journée, dans un abattoir ? » a lancé, le procureur, estimant que cela pouvait « expliquer », mais en aucun cas « excuser le caractère sadique des actes de Marc Soulier ». Néanmoins, dans ses réquisitions, il explique : « Marc Soulier a un positionnement de défense de délinquant. Il s'agit d'actes de cruauté, pas seulement de maltraitance. Ils ont un aspect gratuit, qui distingue particulièrement ce délit de la contravention. Les rires, entendus dans la vidéo, accréditent le caractère sadique de ces actes. Repensez à cette brebis, qui se recroqueville pour ne pas subir à nouveau les décharges. Les actes commis par Marc Soulier n'ont aucune justification. » Contre ce dernier, il a requis l’interdiction d’exercer une activité professionnelle dans un abattoir pendant cinq ans, l’interdiction de détenir des animaux de rente et 3 400 euros d’amende.
Des amendes de 150 et 600 euros ont été requises contre les deux autres employés, et 6 000 euros contre la Communauté de communes pour des équipements défaillants, qui occasionnent de la souffrance et des saignées tardives. Le jugement a été mis en en délibéré au 28 avril.
Outre la conformité des installations et du dysfonctionnement du matériel, au cœur des débats, ce procès restera celui de l’incurie, durant lequel opérateurs, directeurs, et autres responsables se sont renvoyé la faute, quand ils n’étaient pas absents ! Et que dire d’une surveillance vétérinaire inexistante au poste d’abattage ?
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Rappelons que, peu après l'ouverture de l'enquête, l'Alliance Anticorrida et l'OABA avaient rendu public, le 4 novembre 2015, un manifeste signé par 90 personnalités et élus pour demander la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les méthodes d'abattage. Ladite commission a été mise en œuvre, le 22 mars 2016, par l'Assemblée nationale sous la présidence du député Olivier Falorni…
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