Alliance Anticorrida

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10/01/2023

Tribune contre-productive

Rencontre avec les parlementaires

Fin août 2022, Eddine Ariztegui, élu municipal montpelliérain du Parti animaliste, nous fait parvenir, pour avis, sa tribune pour « réformer la Bouvine ».

L'Alliance Anticorrida est la seule association de protection animale en France qui a pu faire interdire le « taureau à la corde » dans l’Hérault et les Bouches-du-Rhône et fait sanctionner des manadiers indignes au pénal concernant le bistournage (castration à vif des taureaux) en collaboration avec l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs. Nous sommes donc particulièrement légitimes à réagir.

Compte tenu de l'inexactitude des propos tenus, nous parvenons, dans une moindre mesure, à amender le texte, essayant de dissuader l'élu de publier un texte stigmatisantl'ensemble d'une corporation. En vain ! Nous tentons de contacter Hélène Thouy, présidente du Parti animaliste, à plusieurs reprises pour l'informer sur les conditions de vie et d'abattage des taureaux de Camargue. Mais aussi pour l'alerter sur les conséquences désastreuses que la publication d'une telle tribune allaient déclencher. Sans réponse...

Accuser, sans préambule, les manadiers sans lesquels la Camargue et les zones humides, telles que nous les connaissons, ne pourraient exister est inique. D'autant que des efforts ont été réalisés dans le but de protéger l'intégrité physique et mentale des taureaux.

Le taureau Raço di Biôu, anciennement dénommé Camargue, est un des emblèmes de ce territoire. Le Livre généalogique de la Raço di Biôu (LGRB) est agréé en qualité d'organisme de sélection par le ministère de l'Agriculture, conformément au règlement zootechnique européen. Il promeut les bonnes pratiques d'élevage garantes d'une biodiversité rare.

À l'inverse des centaines de milliers de bovins, véritables machines à produire, entassés dans des fermes usines, les taureaux de Camargue passent leur vie libres sur plusieurs centaines d'hectares.

Contrairement à ce qui est affirmé, la castration à vif, interdite par la loi, n'est plus pratiquée par les manadiers licenciés à la Fédération des manadiers. C’est désormais l’acte vétérinaire qui prévaut. Les taureaux sont bouclés pour respecter la législation européenne mais il arrive souvent que les boucles tombent car les animaux se battent et se blessent parfois grièvement. Les manadiers sont là pour les soigner et éviter qu’ils agonisent durant plusieurs jours. L'escoussure (entaille de l’oreille sur 2 cm) qui est l’équivalent d’un piercing pour un humain reste, pour le moment, nécessaire pour identifier le propriétaire de la manade Pour les mêmes raisons, on marque les taureaux au fer. La brûlure dure 1,5 secondes et un anesthésiant, visant à réduire considérablement la souffrance, est projeté sur la peau.

On est donc loin de la « torture, des sévices et actes de cruauté  » revendiqués par le Parti animaliste !

Quant à la course camarguaise, il s'agit d'une activité reconnue par le Secrétariat d'État à la Jeunesse et aux Sports depuis près de 50 ans. Dans ce domaine, des améliorations ont également été réalisées : l'outil qui permet au raseteur de ravir les ficelles accrochées aux cornes a été modifié pour empêcher la pénétration dans la peau du taureau. Le « frontal » (ficelle qui allait d'une corne à l'autre) a été supprimé pour les mêmes raisons il y a 10 ans !

En 2006, les barrières de certaines arènes ont été habillées d'un revêtement plastique afin d'éviter les blessures au poitrail. Les cocardiers sortent six à dix fois dans l'année, ce qui revient à dire qu'ils ne passent pas plus de deux heures par an dans l'arène. Avec une espérance de vie de vingt-cinq ans, ils profiteront d'une retraite aussi longue que leur carrière et mourront de vieillesse sur leurs terres.

Le rôle d'un élu n'est, en aucun cas, de menacer de priver une population de subventions mais de réunir, au préalable, ses différents acteurs pour faire des propositions. Mais jeter en pâture 450 familles exploitantes à la vindicte générale dans la presse et sur les réseaux sociaux, sans aucune démarche préalable, est particuliètrement malhonnête.

La tribune parait le 7 janvier, dans le quotidien Le Monde. S'ensuit une levée de boucliers des amateurs des « traditions locales » : corrida, chasseurs, pêcheurs et de nombreux élus locaux qui se sont livrés à une récupération éhontée. Une grande manifestation a eu lieu, le 11 février à Montpellier, où curieusement, le monde de la Bouvine a été oublié...