Le 14 novembre, une proposition de loi déposée par la sénatrice Samantha Cazebonne et le sénateur Arnaud Bazin, et visant à protéger les enfants de la violence des corridas, devait être débattue au Sénat.
Seule à avoir été auditionnée par la Commission des lois, la présidente de l'Alliance Anticorrida a fait valoir sa position sur plusieurs points sujets à caution. Sur la responsabilité des parents, le rapporteur, Louis Vogel a estimé qu'« il ne faut intervenir dans le cercle familial que d'une main tremblante ». Certaines œuvres cinématographiques sont pourtant interdites aux mineurs de 16, 12 voire 18 ans. « La main n'a pas tremblé lorsque cette “intervention dans le cercle familial” a été décrétée », a répondu Claire Starozinski.
Claire Starozinski a fait plusieurs propositions sur le seuil de l'âge retenu, et des sanctions pénales jugées disproportionnées.
Sans nier « le caractère intrinsèquement violent des spectacles de combats d'animaux », la Commission a rejeté le texte proposé, le considérant « inapplicable en l'état ». Or, le rôle d'une Commission des lois est de proposer et de déposer des amendements. D'autant que Louis Vogel est juriste et qu'il ne s'agit, pour lui, que d'une question de forme, a-t-il souligné. Il avait donc qualité pour amender, à sa guise, cette proposition de loi, au lieu de la rejeter, purement et simplement.
Alors que Claire Starozinski avait précisé que le texte visait uniquement la corrida, et non pas la Bouvine, le rapport a mentionné : « l'interdiction s'applique ainsi à toutes les courses de taureaux, qu'il s'agisse ou non d'une corrida, et donc qu'il y ait ou non mise à mort ».
Tout au long de la semaine précédant l'arrivée de la proposition de loi au Sénat, des parlementaires ont demandé que leur nom soit retiré de la liste des cosignataires… D'autres ont déposé des amendements de suppression. Comment, dans ces conditions, ne pas légitimement songer à des pressions exercées par les grands électeurs quand certains déclarent avoir « voté contre un texte visant à pénaliser la présence des mineurs dans les arènes ? Un choix motivé par le respect de notre identité, de notre culture et de nos traditions ».
Le 14 novembre, pas moins de 24 intervenants se sont succédés à la tribune pour débattre. Marie-Pierre de La Gontrie (SER) a conseillé à tous d' « assister un jour à une corrida, un spectacle époustouflant, à l'ambiance de paso-doble » alors que Guillaume Gontard (GEST) a évoqué « une célébration de la mort et de la cruauté ».
Comme on pouvait s'y attendre, l'avis de M. Vogel, notamment sur la responsabilité des parents, l'a emporté. Après trois heures de débat, les deux articles composant le texte ont été supprimés. La proposition de loi, vidée de sa substance, n'a pas été votée. Le texte a été rejeté
Une fois encore, la France a raté l'occasion de se mettre en conformité avec les recommandations du Comité des droits de l'enfant, lequel a explicitement recommandé d'interdire l'accès des mineurs aux spectacles de tauromachie ou apparentés.
Quant à l'intérêt supérieur de l'enfant, il a été sacrifié sur l'autel de la lâcheté, du reniement et de l'opportunisme.
Après 3 h de débat, les deux articles composant la proposition de loi ont été supprimés par des amendements. Vidé de sa substance, le texte n'a pu être voté. L'intérêt supérieur de l'enfant a été sacrifié sur l'autel du reniement et de l'opportunisme. Merci infiniment @scazebonne… pic.x.com/bOgmunzZDG
— Alliance Anticorrida (@Anticorrida) November 14, 2024